Je voudrais cette semaine partager avec vous un extrait de l’article issu du magazine Le Point – hors-série Guide du cerveau, à propos des pouvoirs de l’hypnose en tant que thérapie brève.
L’imagerie cérébrale perce aujourd’hui le secret des effets de l’hypnose sur le cerveau : douleurs, stress, manque de confiance en soi, addiction… oui l’hypnose permet de soigner de nombreux troubles par des méthodes de thérapies brèves. En effet, l’enregistrement de l’activité encéphalographique signale que les patients sous hypnose sont plutôt en rythme lent, comme en état de veille diffus, de méditation ou de concentration. « L’hypnose entraine une modification des réseaux neuronaux, et notamment une hyper activation de ceux liés à l’attention, mais aussi du circuit situé entre les deux hémisphères et habituellement très actif lorsqu’on est au repos », explique le professeur Marcel Chatel, neuropsychiatre à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris. Après avoir demandé à des volontaires de se rappeler un souvenir de vacances, des chercheurs ont constaté qu’ils n’activaient pas les mêmes parties du cerveau selon qu’ils étaient sous hypnose ou éveillés. C’est seulement sous hypnose qu’ils ont mobilisé les zones de la vision, de l’odorat, du mouvement, comme s’ils revivaient précisément les sensations liées au moment passé. Une étude sur des mélomanes repère également une activation cérébrale identique quand l’hypnothérapeute les invite à écouter un morceau de musique ou uniquement à se le remémorer ! Même constat dans d’autres situations : « lorsqu’on suggère une personne phobique de l’ascenseur d’imaginer qu’elle en prend un, les mêmes zones cérébrales que si elle le prenait réellement réagissent, la personne va vraiment transpirer, paniquer » développe le Docteur Jean-Marc Benhaiem, hypnothérapeute à l’Hôtel-Dieu, à Paris, et coordinateur du Guide pratique de l’hypnose.
Mieux que les antalgiques
De plus en plus d’hôpitaux introduisent l’hypnose dans leurs services pour un nombre croissant de troubles. Alors qu’elle est reconnue par la Haute Autorité de santé depuis 2003 pour traiter la migraine chez l’enfant, en 2015 un rapport de l’Inserm a validé son efficacité lors de l’anesthésie et sur le syndrome du côlon irritable. Les effets de l’hypnose sur la douleur sont les plus étudiés, avec un impact sur tous les paramètres : sensation, émotion et jusqu’au débit sanguin qu’elle modifie. On sait aussi que l’hypnose, couplée avec de faibles doses d’antalgiques, obtient de meilleurs résultats sur la douleur que de fortes quantités d’analgésiques pris seuls, ou la relaxation seule. Plusieurs études ont pu démontrer que le signal électrique de la douleur disparaît sous l’effet de suggestions à visée antalgique !
Se reconnecter à ses sensations
Mais l’hypnose a bien d’autres champs d’application. À commencer par l’arrêt du tabac : une étude sur des patients hospitalisés donne 50 % de bons résultats au bout de six mois contre 20 % avec des patchs. L’hypnose peut traiter les troubles anxieux et dépressifs, les addictions, les phobies, le stress post-traumatique, les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles du comportement alimentaire, les insomnies. « Souvent les patients sont bloqués et toute leur attention est dirigée vers leurs angoisses et ruminations. Les pensées négatives tournent en boucle dans leur tête. Ils ne sont ni dans le présent ni dans leurs sensations », résume le docteur Dina Roberts, psychiatre à l’hôpital Esquirol à Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne. Une personne addict au chocolat par exemple, est coupée de son corps, sinon elle s’aperçoit qu’il dit « j’en ai assez ». L’hypnose reconnecte les personnes à leurs sensations, réveille leurs ressources et les accompagne sur un autre chemin. En pratique, il s’agit d’aider les patients à reproduire au quotidien le travail réalisé en séance. Comme cette patiente, phobique du métro, à qui la psychiatre a proposé de penser à un lieu sécurisant pour elle. « Il s’avère qu’elle aimait le golf et l’herbe verte sous ses pieds. Je lui ai dit sous hypnose de visualiser cette image apaisante à chaque fois qu’elle prenait le métro. Ce qu’elle a fait, et ça marche. Progressivement, sa peur n’a plus de raison d’être. »
Des résultats rapides
Chez les enfants l’hypnose est un soutien précieux pour soigner l’énurésie et l’hyperactivité : « Ils utilisent souvent des métaphores comme se mettre dans une bulle quand ils commencent à s’agiter, ça les aide à se poser », raconte Dina Roberts. En général les résultats sont rapides : une à cinq séances suffisent pour traiter un ou plusieurs troubles. L’objectif est de casser le cercle vicieux de la souffrance, de l’empêchement et pas spécialement d’aller chercher et trouver l’origine.
Témoignage
« En deux séances, j’ai dépassé mon angoisse des examens » dit Alice, « J’ai eu du mal à me visualiser dans une situation agréable mais, tout à coup, je me suis vu flotter dans le ciel avec des voiles, mon visage rayonnait et je souriais. Moi qui suis une grande anxieuse, je n’en reviens toujours pas d’avoir pu faire surgir cette image paisible de moi. Je suis sortie de la séance super légère. Dix jours après, j’ai passé mon master et je l’ai eu dans la sérénité. »